Le secteur du bâtiment est responsable de près de 75 millions de tonnes de CO 2, soit de l’ordre de 20 % des émissions nationales. Pour atteindre la neutralité carbone, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) repose, pour le secteur du bâtiment, sur trois piliers :
- l’amélioration de la performance du bâti au travers de normes plus strictes dans les bâtiments neufs et de rénovations des bâtiments existants ;
- l’amélioration du rendement des solutions de chauffage (via des pompes à chaleur par exemple) ;
- le transfert des systèmes actuels de chauffage utilisant des énergies fossiles vers des solutions bas carbone, dont l’électricité (en plus des réseaux de chaleur, du bois-énergie et du biométhane).
Actuellement, le débat sur les réglementations à mettre en place sur le secteur du bâtiment pour atteindre la neutralité carbone, et notamment la part du chauffage électrique, est particulièrement vif, et ce d’autant plus que de nombreuses politiques (dans le neuf et l’existant) doivent être coordonnées pour obtenir une action efficace sur les émissions de gaz à effet de serre de la France.
Pour éclairer ce débat, l’étude RTE-ADEME, fruit de deux ans de travaux communs, a cherché à évaluer les différents impacts (sur les émissions de CO2, sur le système électrique et la sécurité d’approvisionnement, ainsi que sur le bilan économique) du scénario SNBC à mi-chemin (horizon 2035) de l’objectif de neutralité carbone, mais également d’un ensemble de « stress-test » en cas de non-atteinte de certains points de la politique publique.
S’agissant du scénario central de la SNBC, l’étude apporte plusieurs réponses :
- Sur le plan du climat : la mise en œuvre conjointe des trois piliers de la SNBC permet de diviser par deux les émissions du chauffage dans le secteur du bâtiment d’ici 2035, sans pour autant délocaliser les émissions de CO2 ailleurs en Europe.
- Sur le plan du système électrique : le développement du chauffage électrique par des solutions efficaces comme les pompes à chaleur n’entraîne pas d’impact significatif à l’horizon 2035 (consommation annuelle moyenne et pointe stables ou en légère baisse).
- Sur le plan économique : prioriser les efforts de rénovation vers les logements les plus énergivores (« passoires thermiques ») présente un fort intérêt.
S’agissant des stress-test, l’étude apporte des éclairages complémentaires :
- Sur le plan du climat : la non-atteinte d’une seule des dimensions étudiées (efficacité du bâti, performance des solutions de chauffage, bascule vers des solutions de chauffage bas-carbone dont l’électricité) conduit à un retard par rapport à la trajectoire de la SNBC. Chacune de ces trois actions a toutefois un effet bénéfique sur la réduction des émissions.
- Sur le plan du système électrique: la pointe de consommation serait en légère hausse (de l’ordre de +2 à +6 % dans 15 ans) si les réglementations sur les bâtiments qui orientent vers l’électricité et d’autres vecteurs bas-carbone ne parviennent pas à y associer une bonne isolation du bâti et des équipements de chauffage efficaces. Les échéances à 15 ans permettent en toute hypothèse d’identifier des solutions à ces questions, au travers de moyens de production ou de flexibilités.