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Un lingot romain en plomb au large de Courseulles-sur-Mer

Projet
Transition énergétique
Bernières-sur-Mer
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Un lingot en plomb d’époque romaine a été mis au jour en septembre 2021 par RTE, le gestionnaire de réseau de transport d’électricité, en charge du raccordement du parc éolien en mer au large du Calvados.
Paragraphes

Contexte de découverte

En amont des travaux en mer pour l’installation des liaisons électriques sous-marines, RTE a réalisé des études pour identifier la présence de potentiels engins explosifs sur les fonds à proximité de l’emplacement des futurs câbles. L’objet, isolé, a été découvert lors de cette campagne de recherche. Il reposait par une vingtaine de mètres de fond.
Conformément à la législation française, la découverte a été déclarée au Département des recherches subaquatiques et sous-marines (DRASSM), service du ministère de la Culture en charge de la protection, de l’étude et de la mise en valeur des biens culturels maritimes, parmi lesquels figurent les objets archéologiques découverts dans les eaux françaises. Le lingot, propriété de l’État français, a temporairement été accueilli dans les locaux de la Direction régionales des affaires culturelles (DRAC) Normandie, le temps de son étude par l’archéologue Malina Robert (Nantes Université – LARA, UMR 6566 CReAAH). À l’issue de celle-ci, il sera déposé par le DRASSM au musée de Normandie – Château de Caen, afin d’être présenté au public.

 

Approche archéologique

La mise au jour d’un lingot de plomb à proximité de l’estuaire de la Seine, axe commercial majeur dès les premiers siècles de notre ère, est un indice précieux de l’existence d’échanges. Bien qu’il s’agisse d’une découverte a priori isolée, cet objet évoque la présence de navires transportant des cargaisons de lingots le long des côtes de la Manche, à l’image des épaves romaines de Ploumanac’h (Côtes-d’Armor) et de Roscoff (Finistère), fouillées par le DRASSM entre 1983 et 1986 pour la première, en 2015 et 2017 pour la seconde. Le commerce des métaux, bien documenté en mer Méditerranée, est encore insuffisamment connu dans l’Atlantique et la Manche en raison du faible nombre de découvertes de ce genre. En dehors des fouilles maritimes menées dans cette région, un autre lingot de plomb romain a été mis au jour en 1840 à Lillebonne (Seine-Maritime) : il est actuellement conservé au musée Juliobona.
Pesant presque 89 kg pour 61 cm de long, l’imposant morceau de métal trouvé au large de Courseulles-sur-Mer est moulé en forme d’une grande barre de section trapézoïdale. À l’époque romaine, le plomb était utilisé pour fabriquer de nombreux objets, comme des canalisations, des éléments de toitures, des cercueils, de la vaisselle, des lests de coques de bateaux ou de filets de pêche, etc.

 

Inscriptions et analyses chimiques

L’inscription principale visible sur le dessus du lingot, dans un cartouche rectangulaire, fait référence à l’empereur Hadrien (Hadrian), qui a régné entre 117 et 138 de notre ère, sous ses titres habituels d’Imperator (abrégé IMP) et d’Augustus (abrégé AUG). Cela permet de dater le lingot au plus tôt du début du règne de cet empereur, mais il a pu être en circulation plus longtemps.
L’inscription visible sur l’un des longs côtés nous renseigne, quant à elle, sur l’origine du lingot. On y lit quelques lettres dont un B, un T et un X, qui peuvent être restituées ainsi : Britannicum ex argentariis, soit du plomb issu des mines d’argent de Britannia (Angleterre actuelle). Une étude géochimique du métal sera menée afin d’identifier sa nature et ses éléments traces : la comparaison avec les différentes signatures chimiques des mines de plomb argentifère connues dans le nord de l’Empire romain pourrait permettre de confirmer et d’affiner sa provenance outre-Manche.
 

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Contact - Isabelle WYTTYNCK

Isabelle WYTTYNCK

Île-de-France / Normandie
Chargée de communication