Malika Kerkar : Avec cette nouvelle politique, nous appelons nos fournisseurs à faire croître leurs capacités de production, en particulier en France. Nous savons que les ressources sont en tension, que les capacités de production existantes ne sont pas toujours suffisantes dans les usines pour certains équipements devenus « critiques », et qu’il faut donc donner de la visibilité à nos fournisseurs et nous engager plus. Il est nécessaire de faire de nos fournisseurs d’aujourd’hui et de demain des partenaires industriels sur lesquels nous pouvons compter durablement pour relever ces défis. Ils ont d’ailleurs plébiscité ces nouveaux principes lors de la consultation publique du SDDR en avril de cette année.
Quels sont les prochains grands projets d’investissement de RTE ?
Malika Kerkar : En s’appuyant sur ses études prospectives, RTE avait déjà anticipé une partie de ses besoins d’investissements. Nous pouvons déjà affirmer que les 15 prochaines années seront marquées par une poursuite de la croissance des investissements réseau pour permettre la décarbonation du pays. De façon très concrète, en mai 2024, nous avons contractualisé 4,5 milliards d’euros avec les Chantiers de l’Atlantique et Hitachi pour la fabrication des 3 premières plateformes en mer nouvelle génération et les 3 stations de conversion terrestre des parcs éoliens en mer de Normandie et Oléron, dont une grande partie sera produite en France.
En octobre 2024, nous avons acheté 5 200 km de câbles pour nos besoins en liaisons souterraines d’ici à 2028, dont 40 % seront produits en France. Ce contrat a notamment permis le déclenchement d’investissements à hauteur de 39 millions d’euros et une soixantaine d’emplois chez un fournisseur pour le développement de la base de production en France. Nous venons également tout juste de conclure un nouveau contrat avec les Chantiers de l’Atlantique pour l’assemblage de la plateforme en mer de Dunkerque, dont les fondations, la plateforme inférieure (jacket) et le poste électrique sous enveloppe métallique seront réalisés en France.
Cette tendance va se poursuivre au cours des prochaines années. Notre nouvelle politique achats est donc là pour durer et nous permettra de mobiliser l’ensemble de notre écosystème autour du défi de souveraineté industrielle, en lien avec nos trajectoires d’investissements.