Un système électrique en transition qui restaure progressivement ses marges
Les trajectoires étudiées distinguent trois périodes, avec une tendance de fond à la restauration des marges dès lors que les principes de la PPE[1], sont bien mis en œuvre :
- Vigilance jusqu’en 2024. Les marges sont faibles en raison d’une disponibilité dégradée du parc nucléaire (conséquence de la crise sanitaire et des décalages de travaux de maintenance), du retard de l’EPR de Flamanville et des retards accumulés sur les nouveaux moyens de production renouvelables (principalement les parcs offshore et la trajectoire solaire, l’éolien terrestre dans une moindre mesure). L’hiver 2021-2022 présente un profil similaire à celui de l’hiver passé et sera placé sous « vigilance particulière ».
- Transition de 2024 à 2026. Le système électrique retrouve des marges d’exploitation acceptables, sans toutefois être confortables. La mise en service de l’EPR de Flamanville, des parcs offshore et des énergies renouvelables terrestres ainsi que le développement de l’effacement de consommation et des interconnexions contribuent à cette amélioration.
- Nette amélioration de 2026 à 2030 : les scénarios étudiés conduisent à augmenter les marges et le niveau de sécurité d’approvisionnement par rapport à aujourd’hui, renforçant la résilience du système électrique à des aléas climatiques ou industriels.
Retrouver des marges pour accompagner la transformation du mix électrique
RTE identifie des leviers pour améliorer la sécurité d’alimentation, particulièrement à court terme :
- Accroître l’effort sur le développement des énergies renouvelables (éolien et solaire) pour atteindre les objectifs de la PPE
- Continuer les actions déjà engagées pour augmenter la disponibilité du parc nucléaire,
- Conserver en activité les moyens de production bas-carbone dont la fermeture pouvait être envisagée d’ici à 2026,
- Accélérer le développement des flexibilités sur la demande d’électricité.
Horizon 2030 : le système électrique, vecteur de la trajectoire bas carbone
Afin de décarboner l’économie, de nombreux secteurs, tels que les transports, l’industrie et le bâtiment, vont progressivement basculer vers l’électricité (au détriment des énergies fossiles).
A la faveur de cette électrification, le rapport anticipe une augmentation modérée de la consommation d’électricité en 2030 (+ 5 % par rapport à 2019). Dans le même temps, grâce au renforcement de l’efficacité énergétique des équipements et au pilotage des flexibilités permis par les nouveaux usages électriques, la pointe de consommation hivernale non modulable pourrait diminuer, de l’ordre de 3 GW[2].
Enfin en 2030, l’atteinte même partielle des objectifs de la PPE et de la SNBC[3] aura permis de diminuer les émissions de CO2 en France de l’ordre de 30 à 40 MtCO2 par an (- 10 MtCO2 par le système électrique lui-même, -20 à -30 MtCO2 du fait des transferts d’usages vers l’électricité).
Ces émissions ne seront pas délocalisées vers nos voisins européens. L’empreinte carbone des importations (déjà faible et de l’ordre de 1 MtCO2) continuera de baisser. Mieux, la France sera exportatrice et contribuera ainsi à la baisse des émissions au niveau européen (de 30 à 40 MtCO2 par an à l’horizon 2030).
[1] Programmation pluriannuelle de l’énergie
[2] Soit environ la production de 3 réacteurs nucléaires
[3] Programmation pluriannuelle de l’énergie / Stratégie Nationale Bas Carbone