Futurs énergétiques 2050 : les scénarios de mix de production à l’étude permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050
Conformément aux engagements pris lors de la concertation ainsi qu'au calendrier de publication prévu à l'automne 2021, RTE publie le 16 février 2022 les analyses approfondies et compléments des principaux résultats des Futurs énergétiques 2050.
Ces résultats portent notamment sur :
- l'analyse croisée des scénarios de consommation sobriété et réindustrialisation profonde ;
- la problématisation des enjeux sociétaux liés aux différents scénarios ;
- les analyses environnementales complètes intégrant notamment un volet sur la qualité de l’air.
Ces analyses complémentaires confirment et précisent les résultats et enseignements diffusés le 25 octobre 2021.
L'ensemble des chapitres complétés sontmis à disposition sur cette page (onglet documents).
Les anciennes versions des chapitres restent accessibles dans l'onglet "Documents".
Les principaux enseignements de l'étude "Futurs énergétiques" ont été présentés par Xavier Piechaczyk, Président du Directoire et Thomas Veyrenc, Directeur Exécutif en charge du pôle Stratégie, Prospective et Evaluation, à l'occasion d'une conférence de presse le lundi 25 octobre 2021 à 10h30.
Le replay de la conférence de presse est accessible au lien Youtube ci-dessous :

En 2019, RTE a lancé une large étude sur l’évolution du système électrique intitulée « Futurs énergétiques 2050 ». Cette étude implique une démarche inédite en matière de concertation et de transparence impliquant les parties prenantes intéressées à tous les stades de construction des scénarios, jusqu'à la publication des principaux résultats à l'automne 2021 et de leur analyse complète en février 2022.
A propos de la méthodologie de l'étude :
- 2 ans de travail ;
- 40 réunions de concertation avec 120 organisations ;
- 4 000 réponses à la consultation publique ;
- 6 scénarios de production et 3 scénarios de consommation à l'étude, avec variantes ;
- Le modèle simule le fonctionnement du système électrique à l’échelle européenne chaque heure de chaque année pendant 30 ans ;
- Et intègre 200 chroniques météo issues du GIEC qui sont testées à chacune de ces heures.
Les principales étapes de l'étude

Les principales étapes de ce processus comprennent :
- A partir de mi-2019 : Le lancement du processus de concertation organisé en neuf groupes de travail thématiques a réuni plus d’une centaine d’organismes et institutions.
- le 27 janvier 2021 : la publication du rapport conjoint entre RTE et l’Agence internationale de l’énergie, intitulé « Conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables à l’horizon 2050 ». Le rapport définit les conditions techniques à remplir et liste des priorités pour la suite du programme d’étude.
- de janvier à juin 2021 : l’ouverture de la consultation publique sur les futurs scénarios, qui comprend une première description des scénarios et de leurs principales variantes, la description de la grille d’analyse qui leur sera appliquée et les hypothèses principales qui seront utilisées dans l’étude. 4 000 réponses provenant d’institutions, de collectifs ou de particuliers ont été récoltées.
- Le 8 juin 2021 : la publication du rapport d’étape de l’étude sur l’évolution du système électrique intitulée « Futurs énergétiques 2050 ». Cette première phase de l’étude a été achevée au premier trimestre 2021. Elle a permis de déterminer les principaux scénarios à étudier selon quatre axes d’analyses : technique, économique, environnemental et d’impact sur les modes de vie.
- 25 octobre 2021 : Publication des principaux résultats de l'étude "Futurs énergétiques 2050".
- 1er trimestre 2022 : En complément des principaux résultats, des analyses approfondies sont prévues au premier trimestre 2022. Elles permettront d’approfondir certains éléments, notamment les croisements entre scénarios de consommation et de production, et de restituer toutes les variantes et analyses de sensibilité.
Neutralité carbone en 2050 : des scénarios contrastés à l’étude
Cette consultation a conduit à la stabilisation des scénarios de production et de consommation électriques permettant l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Ces scénarios présentent des traits communs : la diminution de la consommation finale d’énergie, l’augmentation de la part d’électricité, une forte croissance des énergies renouvelables dans la production d’électricité. Ils décrivent en revanche des évolutions contrastées pour la filière électronucléaire ainsi que pour la part, à terme, des énergies renouvelables (EnR) dans le mix électrique.
[VIDÉO] - Futurs énergétiques 2050 - Les chemins de la neutralité carbone (03:11)

[Cette vidéo réalisée pour RTE traite le sujet des futurs énergétiques 2050]
Voix off : On vous a dit que la France s'est engagée à atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050.
Mais saviez-vous que cela signifie :
- 0 énergie fossile dans 30 ans
- Une baisse de la consommation d'énergie de 40 %
- Et produire plus d'électricité décarbonée
Pour remplir ce défi, RTE a réalisé une étude d'ampleur inédite après deux ans de concertation pour comprendre comment on peut faire.
Du côté de la consommation, trois scénarios : référence, sobriété et réindustrialisation.
Pour faire baisser la consommation d'énergie fossile, il faut :
- électrifier les usages dans les transports, dans l'industrie, dans l'habitat ;
- une meilleure efficacité énergétique avec une meilleure performance des appareils électriques ;
- et pour aller plus loin, la sobriété avec des changements de mode de vie.
Mais gardez bien en tête que dans tous les cas, même si nous réduisons notre consommation d'énergie globale, notre consommation électrique va augmenter.
En fonction de nos choix de société et de nos ambitions de réindustrialisation, cette augmentation sera de plus 16 % à plus 60 % par rapport à aujourd'hui.
Il va donc falloir que l'on produise plus d'électricité décarbonée.
Oui, mais comment ?
Les deux grandes options sont les énergies renouvelables et le nucléaire.
Même si on le voulait, le nucléaire ne pourrait pas assurer seul l'ensemble de la production.
Il faut donc développer les énergies renouvelables.
Mais pas seulement un peu.
Il faudra les développer soit beaucoup, soit beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Cela dépend des scénarios, du nombre de constructions de centrales nucléaires, du fonctionnement des centrales actuelles, etc.
Une chose est certaine, plus il y aura d'énergie renouvelable, plus il faudra créer d'outils pour compenser la variabilité des conditions météo.
Par exemple, grâce au stockage par batterie ou à l'utilisation de gaz vert pour produire de l'électricité.
D'un point de vue économique, les coûts des scénarios sont proches.
Mais dans la plupart des options étudiées, celles où l'on construit de nouveaux réacteurs ont un coût complet plus faible pour la collectivité. C'est-à-dire en considérant tous les coûts de la construction au démantèlement, les outils de flexibilité et la mise en place du réseau.
Ce nouveau système électrique aura un coût légèrement croissant, prévisible, et remplacera les imports de pétrole, de gaz et de charbon.
Pour l'analyse approfondie de l'impact environnemental des scénarios, aucune source d'énergie n'est neutre.
Pour chaque scénario, RTE a calculé :
- la trajectoire de baisse des émissions de CO2 jusqu'à la neutralité carbone ;
- l'occupation des sols associée au développement des sources d'énergie diffuses et du réseau ;
- les ressources minérales nécessaires pour réaliser la transition énergétique ;
- les déchets produits, y compris radioactifs ;
- l'évolution des polluants atmosphériques.
Mais retenez bien que, quel que soit le scénario choisi, il y a urgence à se mobiliser pour lutter contre le changement climatique.
Les enseignements de l’étude
L'étude "Futurs énergétiques 2050" analyse les évolutions de la consommation et compare les six scénarios de systèmes électriques qui garantissent la sécurité d’approvisionnement, pour que la France dispose d’une électricité bas-carbone en 2050.
Atteindre la neutralité carbone implique une transformation de l’économie et des modes de vie, et une restructuration du système permettant à l’électricité de remplacer les énergies fossiles comme principale énergie du pays.
Sur la consommation
- 1) Agir sur la consommation grâce à l’efficacité énergétique, voire la sobriété est indispensable pour atteindre les objectifs climatiques ;
- 2) La consommation d’énergie va baisser mais celle d’électricité va augmenter pour se substituer aux énergies fossiles ;
- 3) Accélérer la réindustrialisation du pays, en électrifiant les procédés, augmente la consommation d’électricité mais réduit l’empreinte carbone de la France ;
Sur la transformation du mix électrique
- 4) Atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables ;
- 5) Se passer de nouveaux réacteurs nucléaires implique des rythmes de développement des énergies renouvelables plus rapides que ceux des pays européens les plus dynamiques ;
Sur l’économie
- 6) Construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique, a fortiori quand cela permet de conserver un parc d’une quarantaine de GW en 2050 (nucléaire existant et nouveau nucléaire) ;
- 7) Les énergies renouvelables électriques sont devenues des solutions compétitives. Cela est d’autant plus marqué dans le cas de grands parcs solaires et éoliens à terre et en mer ;
- 8) Les moyens de pilotage dont le système a besoin pour garantir la sécurité d’approvisionnement sont très différents selon les scénarios. Il y a un intérêt économique à accroître le pilotage de la consommation, à développer des interconnexions et du stockage hydraulique, ainsi qu’à installer des batteries pour accompagner le solaire. Au-delà, le besoin de construire de nouvelles centrales thermiques assises sur des stocks de gaz décarbonés (dont l’hydrogène) est important si la relance du nucléaire est minimale et il devient massif – donc coûteux - si l’on tend vers 100% renouvelables ;
- 9) Dans tous les scénarios, les réseaux électriques doivent être rapidement redimensionnés pour rendre possible la transition énergétique ;
Sur la technologie
- 10) Créer un « système hydrogène bas-carbone » performant est un atout pour décarboner certains secteurs difficiles à électrifier, et une nécessité dans les scénarios à très fort développement en renouvelables pour stocker l’énergie ;
- 11) Les scénarios à très hautes parts d’énergies renouvelables, ou celui nécessitant la prolongation des réacteurs nucléaires existants au-delà de 60 ans, impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050 ;
- 12) La transformation du système électrique doit intégrer dès à présent les conséquences probables du changement climatique, notamment sur les ressources en eau, les vagues de chaleur ou les régimes de vent ;
Sur l’espace et l’environnement
- 13) Le développement des énergies renouvelables soulève un enjeu d’occupation de l’espace et de limitation des usages. Il peut s’intensifier sans exercer de pression excessive sur l’artificialisation des sols, mais doit se poursuivre dans chaque territoire en s’attachant à la préservation du cadre de vie ;
- 14) Même en intégrant le bilan carbone complet des infrastructures sur l’ensemble de
leur cycle de vie, l’électricité en France restera très largement décarbonée et contribuera fortement à l’atteinte de la neutralité carbone en se substituant aux énergies fossiles ; - 15) L’économie de la transition énergétique peut générer des tensions sur l’approvisionnement en ressources minérales, particulièrement pour certains métaux, qu’il sera nécessaire d’anticiper ;
Généraux
- 16) Pour 2050, le système électrique de la neutralité carbone peut être atteint à un coût maîtrisable pour la France ;
- 17) Pour 2030 : développer les énergies renouvelables matures le plus rapidement possible et prolonger les réacteurs nucléaires existants dans une logique de maximisation de la production bas-carbone augmente les chances d’atteindre la cible du nouveau paquet européen « -55% net » ;
- 18) Quel que soit le scénario choisi, il y a urgence à se mobiliser.