IFA 1 : la première interconnexion entre deux pays européens
C’est ici que commence l’histoire électrique entre la France et l’Angleterre : IFA 1 est la toute première interconnexion électrique entre deux pays en Europe. 70 km de long – dont 45 sous la mer - entre Sangatte en France et Folkestone en Angleterre, avec une capacité de 2 000 Mégawatts (d’où son nom). Un vrai défi technique pour l’époque, relevé grâce à une étroite collaboration entre les gestionnaires des réseaux de transport d’électricité français (RTE) et anglais (National Grid).

Exploitée quasiment sans interruption depuis plus de 30 ans, IFA 1 permet d’optimiser au maximum les différences et les complémentarités du mix énergétique entre les deux pays. Grâce à elle, ces derniers peuvent faire appel à la production électrique de leur voisin lorsqu’ils en ont le plus besoin.

[VIDÉO] - Les liaisons sous marines chez RTE (04:23)

[La vidéo explique la création des liaisons électriques sous-marines pour acheminer l'électricité des énergies marines vers le réseau terrestre, en détaillant les étapes clés : études, déroulage des câbles, construction de plateformes, et raccordement au réseau.]
[RTE, les liaisons électriques en mer]
Voix off : Pour développer la solidarité électrique européenne et accélérer la transition énergétique, RTE conçoit, met en service et exploite le réseau électrique en mer.
Les liaisons en mer servent à cheminer l'électricité produite par les énergies marines renouvelables vers le réseau terrestre. Ces raccordements sont généralement réalisés en courant alternatif. Les liaisons en mer servent également à développer les échanges avec nos voisins européens. Les interconnexions acheminent l'électricité en courant continu.
Elles permettent de sécuriser l'alimentation électrique du pays, de renforcer le réseau électrique européen, d'optimiser les moyens de production et également de réduire les émissions de CO2 à l'échelle européenne au bénéfice des consommateurs.
Mais quelles sont les grandes étapes pour créer une liaison en mer ?
[Étape 1 : les études et la concertation]
Des études sont menées pour analyser les fonds marins, la qualité du sol, les vestiges archéologiques, l'érosion de la côte, les activités humaines et bien sûr l'impact environnemental des travaux. Ces informations servent à déterminer le tracé de la liaison ainsi que la position du poste en mer. L'objectif est de définir les meilleures méthodes, moyens à mettre en œuvre et périodes d'intervention pour minimiser les impacts.
Une concertation avec les parties prenantes permet de recenser les éventuelles contraintes et définir le tracé de moindre impact. Une concertation avec le public est également organisée pour exposer le projet, consulter les habitants et recueillir leurs propositions en amont des demandes d'autorisation pour les travaux.
[Étape 2 : le déroulage et la protection du câble]
Acheminé par un navire câblier, le câble est déroulé en mer. Selon la nature du sol, la profondeur des eaux ou les usages identifiés, plusieurs techniques sont possibles pour protéger le câble. L'ensouillage est la technique privilégiée lorsque le sol ne comporte pas de difficultés particulières, par exemple s'il est principalement constitué de sable. Le câble est ainsi enfoui dans une tranchée qui se comble naturellement.
Lorsque l'ensouillage est impossible, le câble est revêtu d'une protection externe. L'enrochement peut être envisagé à cet effet, tout en veillant à ne pas gêner les activités en surface. Ainsi, le câble est toujours protégé.
La durée des travaux dépend de la technique de protection retenue, de la prise en compte des usages sur la zone et aussi des conditions météorologiques.
[Étape 3 : la plateforme en mer]
Pour collecter l'électricité renouvelable produite en mer, RTE est appelée depuis 2018 à réaliser un poste électrique ou plateforme de raccordement en mer. Cette plateforme héberge des transformateurs et d'autres équipements électriques qui vont élever la tension et ainsi permettre à RTE d'acheminer l'électricité jusqu'au réseau terrestre à l'aide de deux câbles de 225 kV au lieu d'une dizaine de câbles de moindre tension.
Ces plateformes peuvent aussi accueillir d'autres services utiles pour la collectivité et répondant aux besoins des instituts de recherche, des services de l'État, des collectivités ou des associations.
[Exemples de services : station scientifique, station météo ou recherches et études]
Elles deviennent ainsi multiusages.
[Étape 4 : l'atterrage]
La connexion entre la liaison en mer et le réseau terrestre s'appelle l'atterrage. Pour protéger la liaison à la profondeur adaptée dans la zone d'atterrage, RTE prend notamment en compte l'évolution du trait de côte.
Les techniques d'atterrage utilisées varient. L'une d'elles régulièrement utilisées consiste à faire un forage dirigé,
par exemple sous des dunes à protéger. Ensuite, le câble est orienté vers un poste électrique de raccordement
via une liaison électrique souterraine. Ainsi, le raccordement des EMR et les interconnexions marines sont le prolongement naturel du savoir-faire de RTE sur Terre.
En mer comme à Terre, RTE développe sans cesse son expertise en utilisant les dernières technologies disponibles pour limiter les impacts et ainsi accompagner la transition énergétique.
Une intervention exceptionnelle pour réparer IFA 1 après une tempête
En novembre 2016, la tempête « Nanette » qui a secoué le Nord de l’Europe, particulièrement en Manche/Mer du Nord a provoqué une avarie sérieuse et inédite sur l’interconnexion IFA 1 entre la Grande Bretagne et la France.
Sa capacité de transit est alors réduite de 50 % soit 1 000 MW.
Immédiatement, les investigations ont débuté afin de localiser l’avarie, en connaître la nature et l’origine pour préparer et engager les réparations, tandis qu’une équipe pluridisciplinaire était mobilisée dès le 25 novembre pour piloter les opérations. Au total, 210 personnes sont intervenues au cours de l’opération.
Le savoir-faire de RTE et de ses sous-traitants, couplé à des conditions météorologiques plutôt favorables ont permis à l’interconnexion de retrouver sa capacité maximale le 2 mars 2017.
Les équipes de RTE dans le Nord ont procédé à une opération technique hors du commun pour réparer les câbles sous-marins de l’interconnexion.
[VIDÉO] - Réparation de la ligne IFA2000 après le passage de la tempête Nanette (05:54)

[Cette vidéo retrace la réparation de l'interconnexion électrique IFA 2000 entre la France et la Grande-Bretagne, gravement endommagée par la tempête Nanette en 2016. Elle illustre les défis techniques et humains relevés par RTE et ses partenaires pour rétablir en moins de trois mois et demi la pleine capacité de 2 000 MW de cette infrastructure critique.]
[IFA 2000, réparation d'une avarie en mer - Hiver 2017]
Voix off : Dimanche 20 novembre 2016, tandis que la tempête Nanette fait rage en mer du Nord avec des rafales à 150 km heure, l'interconnexion électrique IFA entre la Grande-Bretagne et la France connaît une avarie sérieuse,
réduisant sa capacité de transit de 50 %, de 2 000 MW à 1 000 MW.
Immédiatement, côté français avec RTE comme côté anglais avec National Grid, les investigations débutent afin de localiser précisément l'avarie, en connaître la nature et l'origine et lancer les éventuelles réparations.
Dès le 25 novembre, les tests confirment que 4 câbles sur les 8 ont été mis en défaut en pleine mer, à 5 km des côtes anglaises, toutes propriétés de RTE qui, dès lors, mobilise une équipe projet dédiée à la réparation.
Pierrick Tanguy, Directeur Centre de Maintenance de Lille : C'est avant tout une opération humaine qui a mobilisé tous les métiers de l'entreprise. Au travers de cette opération, RTE montre sa capacité à réagir aussi bien en mer qu'elle le fait aujourd'hui à terre. Ça fait partie de l'ADN de l'entreprise de réagir sur des avaries.
Voix off : RTE doit avant tout localiser avec grande précision les défauts sur la ligne.
Xavier Campagne, Manager de projet, Centre D&I de Lille : RTE s'est rapproché de son partenaire historique qui s'appelle Travocéan, avec qui nous avons des liens depuis plusieurs années, notamment pour préparer ce genre d'avaries.
Voix off : Un premier bateau est mobilisé pour effectuer un test de localisation par mesure de champ magnétique, technique brevetée et régulièrement testée par RTE, qui permet de localiser les défauts avec une précision de 50 mètres. Un second réalise, dès le 2 décembre, une étude approfondie des fonds sous-marins et révèle des tranchées creusées au droit de chacun des câbles en défaut. Il semblerait que ces tranchées proviennent d'encre de bateaux à la dérive pendant la tempête.
Pendant ce temps, trois navires spécialisés en travaux offshore et deux sous-traitants câbliers sont sélectionnés pour engager les réparations. Au total, 210 personnes vont intervenir lors de cette opération d'envergure. Les conditions de travail en mer nécessitent des mesures RH et de sécurité exceptionnelles, en particulier pour le personnel RTE.
Pierrick Tanguy, Directeur Centre de Maintenance de Lille : Avec une volonté de travailler en sécurité, l'ensemble de nos salariés embarqués aujourd'hui ont tous suivi un stage de sécurité en mer.
Voix off : Dès le 23 décembre, le premier navire, l'Olympic Triton, est mobilisé pour débuter les réparations.
Xavier Campagne, Manager de projet, Centre D&I de Lille : On a décidé de travailler avec deux entreprises qui s'appellent l'entreprise Nexans et l'entreprise ABB qui est basée en Suède. L'expertise de ces deux entreprises, c'était justement de savoir travailler et réparer ces câbles. Réparer ces câbles, c'est-à-dire réaliser des jonctions, des soudures qui soient exactement parfaites, de façon à ce que le câble, dans sa future utilisation et pendant des années, puisse transiter la consommation électrique d'une très grande ville française.
Voix off : À bord de l'Olympic Triton, les équipes vont dans un premier temps désensouiller les câbles avec des engins sous-marins télécommandés de la surface et l'aide de plongeurs, malgré une visibilité quasi nulle.
Ces câbles ont été ensevelis dans des tranchées il y a plus de 30 ans. Les câbles sont ensuite remontés à la surface, coupés proprement. Chaque extrémité est capotée et attachée à des bouées. Sur deux chantiers quasi simultanés distants chacun d'un kilomètre, deux autres navires, le Siems N Sea avec les équipes Nexans et le Normand Flower avec les équipes ABB, vont récupérer ces extrémités et réaliser la jonction entre le câble historique et une boucle neuve.
Les opérations de soudure, de rubanage avec du papier huilé, de reconstruction de filins d'armure nécessitent une grande précision et un grand savoir-faire pour les équipes à bord. Celles-ci doivent s'adapter en permanence afin de garantir une grande stabilité des navires et ce, malgré les marées et les conditions météorologiques changeantes.
Le 15 février, les quatre jonctions sont terminées et remises à l'eau. Après de premiers tests électriques concluants, les personnels sur l'OlympicTriton reprennent la main afin de ré-ensouiller les câbles, effectuer les dernières inspections et par précaution les protéger avec des matelas béton.
Le 17 février, l'interconnexion récupère 500 MW de capacité et le 2 mars, elle redevient totalement opérationnelle.
Xavier Campagne, Manager de projet, Centre D&I de Lille : On peut parler de réussite sur ce projet, c'est principalement grâce à la coordination qu'il y a pu y avoir entre les différents acteurs du projet au sein d'entreprises RTE, mais également entre les acteurs RTE et les différents partenaires qui ont pu travailler sur le projet.
Voix off : Le chantier aura finalement duré moins de trois mois et demi entre le déclenchement de l'avarie et le retour à la pleine puissance d'IFA 2000.
Laurent Cantat Lampin, Directeur Centre D&I de Lille : Cette réparation montre la capacité de RTE d'exploiter, de maintenir et de développer les liaisons sous-marines. Cette expertise collective que nous avons mise en œuvre sur ce chantier exceptionnel va nous permettre demain d'être encore plus performant pour construire de nouvelles interconnexions sous-marines et pour raccorder les futurs parcs éoliens offshore.