FAB : interconnexion France-Aurigny-Grande-Bretagne
Initié en 2013, le projet FAB (pour France – Aurigny – Grande-Bretagne) porte sur la construction d’une interconnexion électrique entre la France et l’Angleterre. Développé par la société FAB Link Ltd et RTE, il consiste en une double liaison électrique sous-marine et souterraine en courant continu de 220 km entre le Cotentin et le sud de l’Angleterre, en contournant l’Île d’Aurigny.
Dans le contexte du Brexit, le projet FAB a été mis sous cocon en 2018. Conformément au Schéma Décennal de Développement du Réseau de transport d'électricité (SDDR) de 2019, il pourra être à nouveau envisagé lorsque les bénéfices économiques pour la collectivité et les consommateurs auront été validés par les régulateurs de l’énergie français et anglais selon les nouvelles règles d’échanges entre le Royaume Uni et l’Union européenne.
La consistance du projet :
- Création d’une liaison double sous-marine puis souterraine
- Création d’une station de conversion permettant de se raccorder au réseau 400 000 volts existant
- Une large concertation avec les acteurs locaux, les services de l’État et le public : 240 participants aux réunions et permanences publiques organisées par RTE en 2015 et 2016
Le projet FAB
Le projet FAB permettrait de mettre à profit la complémentarité des parcs de production existants et futurs de part et d’autre de la Manche et de la Mer du Nord, en intégrant le développement des énergies renouvelables.
Les énergies renouvelables, principalement issues de productions éoliennes, représenteront en effet plusieurs milliers de mégawatts dans chacun des deux pays et induiront des flux dans les deux sens : ceux-ci seront très variables selon les conditions climatiques de chacun des pays. Le projet FAB contribuerait ainsi à stabiliser le système électrique et assurer la sécurité d’approvisionnement.
Le raccordement de la liaison est prévu sur le poste 400 000 volts de Menuel dans le Cotentin et sur le poste 400 000 volts d’Exeter dans le Devon en Grande-Bretagne.
En 2015-2016, il a été envisagé que le projet puisse évacuer la production d’hydroliennes potentiellement installées dans les eaux de l’Île d’Aurigny. En raison de contraintes techniques, la production d’énergie d’origine hydrolienne n’est plus envisagée et c’est finalement le contournement de l’Île d’Aurigny qui a été retenu lors de la concertation anglaise en 2017. Ce contournement n'a pas modifié le tracé de la liaison électrique sous-marine dans les eaux territoriales françaises et à terre côté français.
Après une première étape ayant permis de confirmer l’intérêt du projet et les éléments de faisabilité, le projet est entré dans une phase de développement en 2013.
Un projet à dimension européenne
Le 14 octobre 2013, le projet a été déclaré « projet d’intérêt commun » par l’Union Européenne dans le cadre de la législation communautaire sur les infrastructures d’électricité.
Le 21 novembre 2014, le projet FAB a été sélectionné par la Commission européenne au titre du Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe, et a bénéficié à ce titre d’un soutien financier pour réaliser les études nécessaires au développement du projet.
En 2016, le projet FAB est intégré dans le schéma décennal de développement de réseau de RTE.
Fin 2017, la Commission de Régulation de l’Énergie a souhaité que le développement du projet FAB soit temporisé en raison des incertitudes engendrées par la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne (Brexit) et en l’absence des conditions du marché.
Ainsi, conformément au Schéma Décennal de Développement du Réseau de transport d'électricité (SDDR) de 2019, le projet FAB sera envisagé lorsque les bénéfices économiques pour la collectivité, suite au BREXIT, seront validés par les régulateurs de l’énergie français et anglais.
Comme tous les projets entre les pays membres de l’Union Européenne et le Royaume-Uni, le projet FAB a perdu le statut de « projet d’intérêt commun ». Un nouveau label, celui des « projets d’intérêt mutuel » entre les pays de l’Union Européenne et les pays tiers (hors UE) a été créé en 2022. La première liste des projets d’intérêt mutuel sera publiée au cours de l’année 2023 par la Commission Européenne et le projet FAB a candidaté.
Voir aussi
- Projets d'intérêt commun (PIC) sur le site de la Commission européenne (Énergie Infrastructures)
- Projets d'intérêt mutuel (PIM) sur le site de la Commission européenne (Énergie Infrastructures)
- Le schéma décennal de développement de réseau 2016
- Le schéma décennal de développement de réseau 2019
- Le site anglais du projet
2014-2016 : Concertation
Une large concertation avec l’ensemble des parties prenantes du territoire ainsi qu’avec la population locale, a permis de définir l’aire d’étude fin 2014, puis le fuseau de moindre impact en février 2015. Une trentaine de rencontres bilatérales, deux réunions de concertation sous l’égide de la préfecture, une réunion thématique avec les associations de protections de l’environnement, quatre réunions publiques et 3 permanences locales ont ainsi été organisées. En 2016, la concertation s’est poursuivie à travers l’organisation de réunions bilatérales et de deux permanences publiques.
Découvrez l'article « Une large concertation avec les acteurs du territoire »
2016-2017 : Enquête publique
L’enquête publique s'est tenue du 19 décembre 2016 au 27 janvier 2017 et permettait ainsi de consulter les différents publics concernés par le projet FAB. L’ensemble des documents était disponible sur le site de la préfecture de la Manche via le lien suivant. Les observations ont été faites en mairies et également à l’adresse suivante : enquete.projetfab@gmail.com.
Les documents de l'enquête publique sont accessibles sur notre :
2017 : Obtention des autorisations administratives
La déclaration d’utilité publique pour les équipements électriques de la station de MENUEL ainsi que la Concession d’Utilisation du Domaine Public Maritime pour les câbles sous-marins ont été obtenues pour le projet FAB.
Toutefois, la CRE a souhaité mettre en attente le projet suite au BREXIT : « Compte tenu du contexte associé à la décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne, la CRE considère ne pas être en mesure de se prononcer sur l’intérêt pour la collectivité européenne de tout nouveau projet d’interconnexion entre la France et le Royaume-Uni avant que ne soient clarifiées ses conditions de sortie de l’Union européenne. » Délibération de la CRE n° 2017-253
2018 : Mise sous cocon du projet FAB
En raison du Brexit et des incertitudes économiques en découlant entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni, le projet FAB a été placé « sous cocon » en 2018 à la demande de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE).
2019 : Seconde délibération de la CRE
« La CRE considère que les conditions ne semblent pas réunies, à l’heure actuelle, pour un accroissement supplémentaire de la capacité d’interconnexion entre la France et le Royaume-Uni au-delà des projets déjà en construction (ElecLink et IFA2), et qu’il apparaît nécessaire d’attendre d’avoir plus de visibilité sur les modalités de mise en œuvre du Brexit ainsi que sur les évolutions des fondamentaux de marché et la mise en œuvre de politiques publiques susceptibles d’influencer favorablement la valeur de ces interconnexions. » Délibération de la CRE n°2019-170
Décembre 2020 : Accord de commerce et de coopération entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni
L’accord de commerce et de coopération entre l’Union Européenne et les Royaume-Uni a été signé le 30 décembre 2020 pour une entrée en vigueur le 1er mai 2021. Accord de commerce et de coopération entre l’Union européenne et le Royaume-Uni (europa.eu).
Les incertitudes pesant sur les règles du marché de l’électricité sont progressivement clarifiées permettant d’envisager le développement de nouveaux projets d’interconnexion électrique sous réserve de la validation par les régulateurs de l’énergie, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) pour la France et l’OFGEM pour le Royaume-Uni.
2022 : Prorogation des autorisations
RTE a sollicité les services de l’État pour prolonger les autorisations précédemment obtenues pour le projet FAB dans l’éventualité de la reprise du développement du projet avec le promoteur FAB Link et sous réserve de l’accord des régulateurs de l’énergie.