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Éoliennes en mer : quel est l’impact de leur raccordement sur la biodiversité marine ?
Câbles sous-marins : comment évaluer leur impact ?
Pour mieux cerner ces impacts, deux types de sources sont disponibles : des études réalisées en laboratoires et les observations menées autour de liaisons sous-marines et de parcs éoliens existants en Belgique et en Scandinavie. L'IFREMER, dans une synthèse bibliographique financée par RTE en 2011, mise à jour en 2019, a épluché toutes ces recherches internationales.
Bruit, température de l’eau, turbidité, « effet récifs », champs électromagnétiques... l’influence des travaux puis du passage du câble électrique au fond de l’eau a été étudiée sous tous les angles. Bilan : impacts « faibles » pour tous ces facteurs, sauf pour les champs électromagnétiques et l’« effet récif », susceptibles d’avoir un impact « moyen », selon ces études mais avec un degré d’incertitude élevé.
Des mesures des champs électromagnétiques autour de l’interconnexion IFA 2000 entre la France et la Grande-Bretagne sont venues apporter de nouveaux éléments (étude SPECIES).
A 10 mètres du câble, le champ magnétique est de quelques centaines de nanoTesla ; à 1 mètre, il est de 10 à 50 microTesla, inférieur donc aux 50 microTesla du champ magnétique terrestre. Cette même étude s’est intéressée à l’effet de ces champs magnétiques sur de très jeunes homards nichés dans des trous de rochers, une espèce particulièrement sédentaire, donc exposée. Le rapport final a conclu qu’« aucun impact négatif drastique des câbles électriques sous-marins n’a été mis en évidence » sur les fonds marins.
Raccordement des éoliennes en mer : un effet protecteur pour la biodiversité ?
L’« effet récif », qui consiste à voir des espèces se regrouper autour de certains matériels, fait également l’objet de nombreuses recherches.
L’étude de France Énergies Marines dans le cadre du projet SPECIES sur le câble électrique sous-marin de Paimpol-Bréhat qui est recouvert de matelas de béton a montré qu’ils peuvent offrir un habitat propice aux grands crustacés et aux poissons. Ce sont ainsi des écosystèmes qui se recréent au niveau des câbles et installations électriques. C’est un résultat en ligne avec les études autour des récifs artificiels même si les experts considèrent que les connaissances sur l’effet récif sont encore insuffisantes pour appréhender de façon robuste l’évolution de la structure et du fonctionnement de l’écosystème.
A noter : les éoliennes, tout comme certaines épaves en mer, en limitant le passage des pêcheurs, peuvent même aboutir à un léger « effet réserve », pour les communautés benthiques qui s’y trouvent protégées du remaniement sédimentaire et de l’abrasion. Cela a été notamment constaté dans le corridor des câbles électriques sous-marins entre Jersey et le Cotentin (projet SPECIES). Des inventaires biologiques ont été réalisés dans trois lieux différents : l’un au niveau du câble en fonctionnement (produisant potentiellement des CEM), un autre au niveau d’un câble hors tension depuis plusieurs années, tous deux posés sur le fond meuble marin, et le dernier sur la roche naturelle côtière. Les résultats montrent que la diversité benthique est semblable sur toutes les stations d’étude. Les câbles électriques en fonctionnement de 90 MW arborent une diversité d’espèces benthiques similaires à un milieu rocheux naturel.
Éoliennes en mer et biodiversité en 3 questions
Dispose-t-on d’un recul suffisant pour cerner en conditions réelles l’impact des éoliennes en mer et des câbles sous-marins sur la biodiversité ?
Certains pays, notamment en Europe du Nord, ont installé des parcs éoliens en mer depuis des années, ce qui permet d’observer certains phénomènes avec un recul significatif. La Belgique dispose notamment d’un retour d’expérience de 10 ans sur l’« effet récif ». Il est néanmoins nécessaire de continuer d’étudier l’évolution de la faune et de la flore sous-marine à long terme.
Quelles sont les principales conclusions de ces études ?
Les impacts de la plupart des effets (bruit, température, remaniement sédimentaire...) sur l’environnement sont faibles. Certains, comme le bruit, se manifestent uniquement pendant les travaux. Des études complémentaires portant sur les champs électromagnétiques et l’ « effet récif » concluent à ce jour à un impact faible, mais nécessitent des efforts de recherche supplémentaire.
Quelles précautions prend RTE pour encore minimiser ces impacts ?
Limiter au maximum l’impact sur le milieu marin est une priorité pour RTE, dans la phase de travaux comme lors de l’exploitation. En amont, RTE s’efforce par exemple d’optimiser le tracé du câble afin d’éviter les zones sensibles comme les herbiers ou les bancs de Maërl.