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 Composite image of Europe at night 2016 - Credits NASA Earth Observatory images by Joshua Stevens, using Suomi NPP VIIRS data from Miguel Román - NASA’s Goddard Space Flight Center
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 Composite image of Europe at night 2016 - Credits NASA Earth Observatory images by Joshua Stevens, using Suomi NPP VIIRS data from Miguel Román - NASA’s Goddard Space Flight Center

Peut-on se passer des échanges d’électricité entre voisins européens si l’on veut atteindre la neutralité carbone en 2050 ?

Europe
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L’État s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050. L’objectif est inscrit dans la loi Énergie Climat du 8 novembre 2019. Pour le système électrique, cela implique notamment d’abandonner les énergies fossiles pour la production d’électricité d’ici 2050.
Paragraphes

Comment répondre aux pics de consommation liés aux fortes chaleurs ou à l’arrivée du froid sans possibilité de recourir, comme on le fait parfois encore aujourd’hui, aux centrales utilisant des énergies fossiles? 

De même, comment garantir la sécurité d’approvisionnement de tous les Français en électricité, si une partie significative du parc de production français se trouve indisponible en plein hiver, a fortiori avec une partie des centrales utilisant les énergies fossiles en moins ?

Réponse en plusieurs axes :

  • en développant les sources d’électricité décarbonées (nucléaire ou renouvelables),
  • en poursuivant les efforts en matière d’efficacité énergétique dans tous les secteurs,
  • en développant des flexibilités : stockage de l’électricité, pilotage de la demande, etc.

Interconnecter le réseau électrique national avec ceux de nos voisins (pays de l’UE, Suisse et Royaume-Uni) fait partie de ce bouquet de flexibilités.

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Infographie - carte europe bilan imports exports electricite 2020

 

Pourquoi développer les interconnexions électriques européennes ? 

Relier les réseaux européens permet une mutualisation des capacités de production sur une zone géographique plus vaste, mais aussi des aléas et intermittences :

  • l’électricité produite en excès dans un pays peut éviter à un autre la relance (coûteuse) d’une centrale « d’appoint » en cas de pic de consommation (vague de froid ou canicule exceptionnelle) ou en cas de baisse de production (arrêt d’un réacteur, absence de vent…),
  • les fermes éoliennes et solaires peuvent exporter une partie de leurs surplus de production en cas de vent ou de soleil exceptionnel, ce qui facilite leur développement,
  • les fournisseurs anticipent et développent les échanges entre systèmes électriques nationaux qui permettent d’ importer de l’électricité si elle est moins chère dans un pays voisin.

Développer de nouvelles interconnexions en Europe permet de renforcer la solidarité territoriale à l’échelle du continent, donc la sécurité d’approvisionnement en électricité de tous les Européens.

[VIDÉO] Pourquoi les réseaux électriques européens sont-ils connectés entre eux ? (1:36)

Pour mieux comprendre l’intérêt des interconnexions électriques en Europe et le rôle clé de ces échanges pour assurer notre approvisionnement en électricité, découvrez comment fonctionne le réseau électrique européen interconnecté.

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[VIDÉO] Dis pourquoi - Pourquoi les réseaux électriques européens sont-ils connectés entre eux ? - Vignette

Pourquoi vouloir tripler les capacités d’import et d'export françaises ?

 C’est vrai, grâce aux interconnexions actuelles, la France est le 1er exportateur européen d’électricité avec un solde exportateur de 43,1 TWh (Export : 87,1 TWh - Import : 44 TWh).
Mais il s'agit d'une moyenne annuelle. En réalité, le solde des échanges évolue chaque jour, voir heure par heure, en fonction des conditions météorologiques (températures, vent, ensoleillement), du plan de la production et de la demande des consommateurs d'un bout à l'autre de l'Europe interconnectée. le système français a été importateur 1 % du temps en 2020. Les projections de RTE à plus long terme laisse présager que le système français sera importateur 5 % du temps en 2050, du fait :

  • de la hausse attendue de la consommation électrique liée à l’électrification des usages : + 20 % à + 50 % selon les scénarios (sobriété ou non, réindustrialisation +/- importante…),
  • d’une plus grande variabilité des énergies renouvelables, qui représenteront au moins 50 % du mix électrique à cet horizon,
  • de la multiplication des épisodes de canicule, donc d’un recours accru aux climatiseurs.

RTE prévoit d'investir 2 milliards d’euros d’ici 2035 pour la construction ou le renforcement de 10 interconnexions avec nos voisins. Objectif, doubler puis tripler les capacités d’échange de la France.

Exemple pour l’import :

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Infographie - évolution capacité échange électricité France Europe

Un épisode récent montre que cet effort n’est pas inutile. Entre le 20 et le 22 décembre 2021, il y a eu à la fois une indisponibilité de 4 réacteurs nucléaires et un déficit de production éolienne lié à des conditions anticycloniques exceptionnelles. Le solde net d’import a ainsi atteint entre 12 et 13 GW, soit un niveau proche des capacités d’import maximales permises par les interconnexions actuelles. 

Plus d’interconnexions électriques, mais avec qui ? 

Comme il s’agit de gros investissements, chaque nouveau projet d’interconnexion est décidé après évaluation de son rapport coûts/bénéfices pour la collectivité, incluant la réduction des émissions de CO2 en matière de production d’électricité. Ce bilan doit être positif pour la collectivité, et la rentabilité du projet doit notamment être garantie, tant pour justifier la couverture des coûts d'investissement de RTE par les recettes d'interconnexion et les tarifs d'utilisation du réseau, que pour obtenir le soutien d'une éventuelle subvention européenne.

 

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Infographie - carte projets interconnexions France pays Europe

 

Interconnexions électriques : l’essentiel à retenir

  • Aujourd’hui, raisonner en système électrique fermé, à l’échelle d’un pays, ne fonctionne plus. Il faut penser le système à l’échelle du continent.
  • En développant les interconnexions avec nos voisins, c’est-à-dire la mutualisation de nos capacités de production, la sécurité d’approvisionnement des Français sera renforcée.
  • Les centrales photovoltaïques et éoliennes, mais aussi nucléaires, trouveront des débouchés aux surplus de production qu’elles peuvent générer.

 Il y a donc un intérêt énergétique ET économique à développer les capacités d’échange de la France.