Pourquoi les lignes électriques font parfois du bruit ?
Dans la plupart des cas, c’est le champ électrique à la surface des câbles aériens à 225 000 et 400 000 volts qui en est responsable. On appelle ce phénomène « l’effet couronne ». Plus rarement, c’est le vent qui peut faire « siffler » les parties métalliques rigides des lignes.
« L’effet couronne », principale responsable du bruit des lignes aériennes
Parfois, le champ électrique présent à la surface des câbles génère dans l’air ambiant un petit claquement comparable à celui des décharges électrostatiques : c’est ce qu’on appelle l’effet couronne. Ce phénomène apparaît plus particulièrement quand la surface du câble est irrégulière. Par exemple, quand il a été recouvert de poussières, d’insectes, de débris végétaux, de graisse ou de résidus liés à la pollution … Chacune de ces aspérités se comporte comme une pointe qui accroît localement le champ électrique. De même, par temps humide (brouillard, pluie ou rosée), des gouttes d’eau se déposent à la surface des câbles et peuvent être à l’origine d’un bruit par effet couronne.
Le tableau suivant donne les valeurs de bruit particulier de lignes THT dû à l’effet couronne, à une distance de 30 mètres de l’ouvrage.
Niveaux sonores des lignes aériennes selon les conditions climatiques
Conditions climatiques | Ligne Aérienne 25 000 Volts | Ligne aérienne 400 000 Volts |
---|---|---|
Bruit des lignes par beau temps | 25 à 32 décibels (A) | 34 à 40 décibels (A) |
Bruit des lignes par temps de brouillard | 35 à 42 décibels (A) | 44 à 50 décibels (A) |
Bruit des lignes par temps de pluie | 40 à 47 décibels (A) | 49 à 55 décibels (A) |

[VIDÉO] - Mieux comprendre « l’effet couronne » (01:52)

[La vidéo décrit l'effet couronne, un phénomène sur les lignes haute tension où des champs électriques intenses provoquent des micro-décharges, créant un halo lumineux et un grésillement, surtout par temps humide, et pouvant perturber la réception des grandes ondes.]
Voix off : Un champ électrique intense, au-delà de 2,6 millions de volts par mètre, peut provoquer dans l'air des micro-arcs électriques. Sous un nuage d'orage, le champ électrique ambiant atteint des valeurs de 15 000 à 20 000 volts par mètre, mais avec de fortes augmentations locales auprès de pointes. Au voisinage immédiat de ces pointes peut alors apparaître ces micro-décharges. Ce sont les feux de Saint-Elme, au sommet des mâts de bateau ou les étincelles sur les piolets des alpinistes.
Sur les lignes à haute tension, ce phénomène est appelé effet couronne en raison du halo lumineux observé en laboratoire. Il apparaît lorsque le champ électrique atteint des valeurs intenses, c'est-à-dire sur les conducteurs des lignes à 225 000 ou 400 000 volts présentant des irrégularités de surface. Celles-ci, causées par des poussières, des bribes végétales, des insectes ou encore des gouttes d'eau, provoquent un renforcement local du champ électrique. L'effet couronne peut générer des perturbations radioélectriques dans la gamme de fréquences de 150 kHz à 30 MHz. Elles peuvent donc gêner la réception radiophonique grandes ondes, bandes des 200 kHz, mais sont insensibles au-delà, notamment dans la gamme de la réception FM, bandes des 100 MHz, ou télévisuelles, bandes des 400 et 800 MHz.
Des normes internationales ont été élaborées pour fixer un cadre acceptable à la fois par les exploitants de réseaux électriques et les radiodiffuseurs. Les micro-décharges de l'effet couronne sont aussi la source d'un grésillement caractéristique des lignes à haute tension, semblables au bruit des abeilles. Il est également lié aux irrégularités de surface des conducteurs des lignes haute tension. Il est donc davantage perceptible par temps humide, brouillard par exemple.
Le bruit éolien des lignes, un phénomène rare
Le bruit éolien provient d’un mécanisme de résonance généré par le vent au contact de la ligne. Il n’apparaît que dans des conditions particulières et peu fréquentes. Quand le vent est fort et régulier, il peut faire « siffler » les parties métalliques rigides des lignes (conducteurs, isolateurs, pylônes). Ces sifflements sont plus ou moins aigus selon la force et la régularité du vent. Un vent fort et continu, qui souffle sur toute structure métallique rigide, comme un pont ou un échafaudage, peut d’ailleurs produire le même effet.
Inversement, si le vent est turbulent – et non pas régulier ‒ en raison d’obstacles naturels (vallonnements, végétation, constructions), il ne provoque pas de sifflement.
Le vent par lui-même étant source de bruit, un éventuel bruit éolien dans une ligne aérienne vient se noyer dans cette ambiance sonore. Ainsi, le bruit généré par un vent moyennement fort (20 km/h) en campagne est de l’ordre de 55 dBA (voir échelle de bruits courants ci-dessus). Le surcroît de bruit généré dans la ligne n’apparaît généralement pas comme une gêne.